Imagine : tu tapes une question dans Google, et sans même cliquer, la réponse est déjà là, sous tes yeux. C’est pratique, rapide, presque magique. Sauf que cette petite prouesse technologique cache une transformation bien plus profonde que ce qu’on croit. Car à mesure que l’IA s’infiltre dans nos recherches quotidiennes, elle bouscule des années d’habitudes… et les fondations mêmes de la création de contenu en ligne.
Alors, dans ce monde où l’algorithme devient roi et les clics se raréfient, que reste-t-il aux créateurs ? Et surtout, que devient le web qu’on aimait explorer ?
Le paradoxe du clic : quand Google ne renvoie plus vers… le web
Google, c’est un peu la grande porte d’entrée du web. Depuis 25 ans, c’est lui qui nous guide, qui trie, qui hiérarchise l’information. Mais depuis quelque temps, cette porte s’ouvre de moins en moins.
Car Google veut désormais tout faire lui-même. Il veut répondre, résumer, synthétiser. Résultat : on clique moins. Beaucoup moins. On parle même de « recherche zéro clic », où l’on obtient sa réponse sans jamais quitter la page. Le confort, oui. Mais pour les créateurs de contenu, c’est une toute autre histoire.
Moins de clics, c’est moins de visiteurs. Moins de visiteurs, c’est moins de revenus, moins d’interactions, moins de reconnaissance. Et si l’info se consomme en un seul regard, que reste-t-il du travail de fond derrière chaque article, chaque vidéo, chaque podcast ?
L’IA au cœur du nouveau Google : assistant ou aspirateur de contenu ?
Google ne s’en cache pas : l’IA est au centre de sa stratégie. Et pour cause, elle se décline en trois axes bien visibles :
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AI Overviews : des résumés générés par l’IA qui s’affichent en haut de la page.
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Recherche multimodale : tu peux poser une question en texte, en image, en vocal… l’IA comprend tout.
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Mode conversationnel : comme un chat intégré à la recherche, qui discute avec toi.
Sur le papier, tout ça est bluffant. Mais derrière la prouesse technologique, une question brûlante : d’où vient l’info que l’IA résume ? Qui a écrit le contenu qu’elle recycle et reformule ? Tu l’as deviné : ce sont les créateurs. Et bien souvent, sans qu’ils soient crédités ou visités.
Moins de trafic, plus de frustration
Prenons un exemple : Wikipédia. C’est l’un des sites les plus utilisés au monde. Et pourtant, son trafic chute. Parce que les réponses de Google s’appuient dessus… sans que l’internaute ait besoin de cliquer.
Les chiffres donnent le vertige : près de 75 % des recherches ne génèrent plus aucun clic. Et sur les 25 % restants, une grande partie est captée par d’autres services de Google (YouTube, Maps, etc.). Le web devient un monde clos, où Google pose les questions, donne les réponses, et garde l’utilisateur dans son écosystème.
Pour les créateurs, c’est un changement de paradigme : il ne suffit plus d’être référencé. Il faut maintenant réussir à exister au sein d’un contenu qui n’est plus toujours cliquable.
De l’info brute à l’info digérée : repenser sa stratégie
Si le clic se fait rare, faut-il baisser les bras ? Surtout pas. Il faut au contraire revoir les règles du jeu. Et miser sur ce qui fait encore la différence : la qualité, l’expertise, l’émotion, la voix humaine.
Car si l’IA est douée pour résumer, elle peine encore à vibrer. Elle peut brasser des données, mais pas raconter des histoires. C’est là que le créateur de contenu tire son épingle du jeu.
Les nouvelles stratégies à adopter ?
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E-E-A-T : expertise, expérience, autorité et fiabilité. Plus que des mots-clés, une boussole.
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Structuration intelligente : penser ses contenus pour qu’ils soient compris autant par les humains que par les robots.
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Approfondissement : sortir du superficiel pour livrer des analyses, des angles, des récits vivants.
Une nouvelle génération qui change tout
Les habitudes changent aussi côté utilisateurs. La Gen Z, par exemple, zappe Google au profit de ChatGPT, TikTok, ou même Instagram pour ses recherches. Le web se fragmente. L’intention de recherche se dissout dans des bulles d’instantanéité.
Résultat ? Il ne suffit plus d’être bien placé dans Google. Il faut aussi être là où sont les publics, et parler leur langage. Être fluide, multi-format, agile. Être une voix, pas juste une page.
Et maintenant, qui écrit l’avenir ?
À mesure que l’IA devient cette grande synthétiseuse de savoirs, une question plane : qui va encore écrire ? Pourquoi prendre le temps de rédiger un article, une fiche produit, un tuto… si tout est repris, reformulé, parfois sans crédit ni clic ?
La réponse, c’est peut-être toi. Toi, créateur, rédacteur, vidéaste, podcasteur, entrepreneur. Parce que ce que l’IA ne pourra jamais faire, c’est ressentir, explorer, inventer. Elle peut apprendre, mais pas vivre. Elle peut imiter, mais pas incarner.
Alors à toi de jouer. Pour continuer à nourrir ce web vivant, imparfait, passionné. Celui qui éclaire, dérange, amuse, et surtout… inspire.
